Accueil Nos points de vue Point de vue #1 : Croissance et PME Questions-Réponses avec Guillaume Cornu
Depuis plus de trente ans, le cabinet EY accompagne les entrepreneurs via un maillage à la fois territorial et international et une approche résolument multidisciplinaire. Guillaume Cornu, en charge des activités Middle Market pour la zone EMEIA, revient sur la problématique des effets de seuil et les leviers de transformation des PME en croissance, ETI en puissance.
Qu’est-ce qui fait la spécificité d’EY aujourd’hui dans l’univers du conseil aux entrepreneurs ?
La démarche EY Growth Navigator permet aux entrepreneurs de s’auto-évaluer sur un certain nombre de leviers de croissance, de déterminer leur niveau d’ambition dans chaque domaine et sa cohérence avec la stratégie de l’entreprise, puis de construire un plan d’actions à mettre en œuvre collectivement. Pour mémoire, notre démarche est construite autour de 7 leviers de croissance : les clients (comment améliorer l’expérience client et augmenter la valeur de son portefeuille), les collaborateurs (comportements et culture d’entreprise), le numérique (technologie et analyse des données), les opérations, le financement et la fonction financière, les transactions et partenariats, et les risques.
Les effets de seuil sont une problématique récurrente pour les PME : en quoi ces étapes-clés consistent-elles ?
En France, le franchissement de certains seuils, notamment en termes d’effectifs, déclenche des obligations sur le plan du droit du travail et de la Sécurité sociale. Lors de la préparation de la loi Pacte, dont l’objectif est la simplification, rien que sur la question des effectifs, 199 dispositions ont été recensées, dont 88 dans le Code du travail et 19 dans le Code de la Sécurité sociale ! Ce seuil devrait donc être désormais plus facile à franchir. Mais il n’est pas le seul auquel les PME en croissance sont confrontées. Toutes les « premières fois » constituent en réalité un effet de seuil : embaucher un premier directeur, réaliser la première opération de croissance externe, changer d’outil pour les processus d’industrialisation ou de digitalisation, mettre en place un reporting financier ou des mesures de cyber-sécurité/IT (un enjeu-clé pour les grosses ETI qui doivent impérativement monter en compétences dans ce domaine, à l’ère du 4.0 et du tout-digital)… Les franchissements de ces seuils sont autant de leviers de croissance, et c’est là que l’accompagnement dispensé par des fonds comme Initiative & Finance prend tout son sens.
Au-delà de la simplification juridique permise en France par la loi Pacte, quels sont les enjeux prioritaires pour une PME en croissance, potentiellement future ETI ?
Les nouveaux entrepreneurs se posent les questions propres à leur génération. Par exemple en matière de recrutement et de rétention des talents, les enjeux sont étroitement liés aux valeurs et au sens portés par l’entreprise – la raison d’être, l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, l’engagement sociétal et environnemental, etc. Selon moi, aucun effet de seuil ne peut faire hésiter un chef d’entreprise dont le moteur est le développement de son activité. Pour des fonds comme Initiative & Finance, le défi est d’accompagner dans ce sens la PME en hyper-croissance qui porte en elle le potentiel d’une future ETI, pour lui faire franchir rapidement toutes ces étapes.
La France compte environ 5 000 ETI, versus 13 000 en Allemagne et 10 000 en Italie comme au Royaume-Uni : selon vous, quels sont nos atouts pour combler ce retard ?
La France dispose d’un écosystème très dynamique complètement dédié aux startups (BPI, Business France, avocats, etc.), mais les dirigeants de grosses PME qui s’apprêtent à muter en ETI sont sans doute moins entourés… Fondamentalement, une entreprise n’a pas d’autre choix que de croître pour assurer sa pérennité.
Chaque année, le cabinet EY publie un baromètre de l’attractivité industrielle de la France : notre pays conserve-t-il son pouvoir d’attractivité ?
La France est toujours attractive pour les industriels étrangers, elle conserve la 1ère place européenne pour les sites de production d’entreprises à capitaux étrangers. Cela s’explique par l’effet gravitationnel des leaders industriels français, puissants et exportateurs dans des secteurs comme l’aéronautique, la construction navale ou bien encore l’agroalimentaire. Une attractivité industrielle premium matérialisée par de nouveaux sites de production (68 en 2018) et par le dynamisme de la recherche et développement. Il y a un avenir à l’industrie « made in France » et « made by France » : 70 % des dirigeants d’entreprises étrangères se disent confiants quant aux perspectives de l’industrie française. Un contexte favorable pour les PME et les ETI installées en France.
1. EMEIA (Europe, Middle East, India, Africa) ;