Fonds Tomorrow : entretien avec François-Xavier Oliveau
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Fonds Tomorrow : entretien avec François-Xavier Oliveau

Dernier fonds lancé par Initiative & Finance, Tomorrow affiche clairement ses ambitions : démontrer que performance financière et prise en compte de la transition environnementale vont de pair. Pensé pour accompagner les entreprises engagées contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la biodiversité, Tomorrow dessine sa propre vision de l’investissement responsable. Explications avec François-Xavier Oliveau, Directeur Associé, Transformation.

La RSE est entrée dans le cœur d’activité de l’entreprise

Pouvez-vous décrire, en quelques mots, les ambitions du fonds Tomorrow ?

Tomorrow est né d’une conviction : la performance économique et financière d’une entreprise n’est pas incompatible avec la transition environnementale, bien au contraire. C’est le message que nous portons aux dirigeants et aux investisseurs. Le fonds Tomorrow a donc vocation à accompagner les entreprises qui s’inscrivent dans une démarche de transition écologique ou qui veulent réduire leur empreinte environnementale et celle de leurs clients. Elles peuvent par exemple développer de nouvelles offres plus vertueuses pour l’environnement, améliorer leur empreinte carbone, concevoir des produits et services utilisant moins de matières premières ou d’énergie ou encore inscrire leur modèle d’activité dans l’économie circulaire. Tomorrow leur apporte un soutien actif pour les aider à opérer ce virage stratégique et opérationnel. Nous visons ainsi à la fois un impact environnemental positif et une création de valeur en ligne avec les standards du capital-investissement.

 

Quelles sont les convictions qui vous ont conduit à lancer ce fonds ?

À titre personnel, les associés fondateurs de Tomorrow sont convaincus de l’urgence de la transition environnementale. Nous sommes tous parents, et souhaitons transmettre à nos enfants un monde durable – ils sont d’ailleurs très logiquement les premiers à l’exiger ! Tomorrow met particulièrement l’accent sur deux enjeux majeurs. D’une part, le réchauffement climatique qui risque de s’accélérer fortement dans les décennies à venir et qui appelle des mesures très fortes. Nous avons vingt ans pour décarboner l’économie. D’autre part, la préservation de la biodiversité. L’exploitation des ressources terrestres a en effet des impacts très dommageables pour les écosystèmes. La mise en place d’initiatives s’inscrivant dans une démarche d’économie circulaire nous paraît essentielle pour préserver notre planète. Ces deux enjeux vitaux sont aussi de formidables opportunités économiques. Les entreprises qui sauront les saisir vont croître plus vite, réduire leurs coûts, attirer les meilleurs talents, abaisser leur niveau de risque et finalement créer plus de valeur. Nous avons une chance incroyable de pouvoir mettre notre métier au service de cette cause.

 

Dans quel type d’entreprises le fonds va-t-il investir ?

Toutes les entreprises sont concernées par la transition environnementale. Beaucoup d’entreprises de taille intermédiaire sont donc éligibles à notre thèse d’investissement, mais sous deux conditions. La première est qu’il y ait un enjeu significatif et mesurable à opérer une transition environnementale, que ce soit sur le plan de l’impact carbone ou sur l’utilisation des ressources et l’économie circulaire. La seconde est que le dirigeant s’engage à mettre la transition environnementale au cœur du projet de l’entreprise, en y associant notamment les équipes. Nous visons des entreprises de taille intermédiaire, françaises ou parfois européennes, dont le chiffre d’affaires sera en général compris entre 30 et 350 millions d’euros. Nous investissons dans ces entreprises des montants de 20 à 50 millions d’euros, parfois plus grâce à nos partenaires co-investisseurs. Nous prenons des positions d’actionnaire majoritaire ou de minoritaire significatif et actif.

 

À partir de votre expérience du terrain, avez-vous noté, ces dernières années, une évolution de l’attitude des dirigeants d’entreprises face aux thématiques RSE ?

Oui, et c’est frappant. La Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) était souvent vue comme un passage obligé, peu créateur de valeur, une sorte d’obligation quasi-comptable. Depuis deux ou trois ans, les choses ont beaucoup changé. La RSE est entrée dans le cœur d’activité de l’entreprise, souvent sous l’impulsion des grands donneurs d’ordre. Les consommateurs font de plus attention à l’empreinte environnementale des produits qu’ils consomment. Les appels d’offre publics ou privés incluent presque systématiquement une part RSE. Les départements achats sont devenus beaucoup plus exigeants. Les talents sont très attentifs à la réalité des engagements environnementaux des entreprises, et c’est souvent pour eux un facteur de choix déterminant. Les modalités de financement sont plus attractives pour les entreprises engagées, que ce soit en dette ou en capital. Les dirigeants que nous rencontrons en sont très conscients. Ils ont compris qu’il fallait agir très vite et très fort. L’accompagnement que nous proposons est donc perçu comme particulièrement bienvenu.

 

Vous êtes un spécialiste de la transformation opérationnelle. Quelles sont les principaux enjeux, voire les principales difficultés, auxquels sont confrontés les dirigeants quand ils décident de mettre en place (ou de renforcer) une démarche de transition environnementale ?

La transition environnementale est un sujet complexe, très technique. Regardez par exemple les débats sur le nucléaire, les mérites et défauts relatifs du diesel et de l’essence, la voiture électrique et les terres rares, les avantages et les inconvénients du plastique… Pour quelqu’un de peu familier avec le sujet, il est difficile d’y voir clair : quelles mesures ont vraiment de l’impact ? Quelles sont les technologies vraiment polluantes, et pourquoi ? Que veulent les clients, et que voudront-ils dans trois ou cinq ans ? Comment va évoluer la législation ? Quelle stratégie suivre pour créer de la valeur pour l’entreprise et avoir simultanément un véritable impact positif ? Nous aidons les dirigeants à déterminer les vrais enjeux pour leurs organisations. Ensuite, une fois la direction établie, il reste à mettre en œuvre la transformation : définir les objectifs, mettre en place les moyens, entraîner les équipes en sachant traverser les moments difficiles, garder l’énergie, mesurer les impacts et mettre en place les actions correctrices. L’utilisation du numérique est en particulier un levier essentiel. L’analyse fine des données et leur utilisation, par exemple, est un levier d’optimisation opérationnelle qui peut très largement contribuer réduire à la fois les coûts et l’empreinte environnementale. Au final, il s’agit donc de conduire le changement dans l’entreprise, de mener des projets concrets. C’est en effet ce que j’ai fait pendant vingt-cinq ans, soit comme dirigeant soit en accompagnant des dirigeants dans des secteurs très variés, à la fois sur les aspects stratégique, opérationnel et numérique.

 

Quel rôle peut, et doit, jouer un fonds dans l’accompagnement de ces questions ?

Le fonds peut jouer un rôle majeur. Il ne s’agit pas simplement d’apporter du capital. Il s’agit surtout d’apporter une vraie connaissance des enjeux environnementaux, d’anticiper l’évolution technologique et réglementaire, d’aider le dirigeant à définir son projet stratégique et de l’accompagner dans sa mise en œuvre. C’est la raison pour laquelle Tomorrow a choisi d’intégrer dès le départ dans son équipe dirigeante un associé senior expérimenté à la fois sur les sujets environnementaux et sur la transformation des organisations. Mon rôle est ainsi d’aider le dirigeant à définir sa feuille de route et à conduire sa transformation. Les entreprises accompagnées peuvent s’appuyer sur une palette large d’outils que nous avons développés : une très bonne connaissance du marché et des technologies, une méthodologie propriétaire soigneusement élaborée, une large palette d’indicateurs de mesure fondés sur les meilleurs standards, enfin un écosystème de partenaires pouvant être déployés dans les entreprises accompagnées, notamment dans le domaine du numérique. Cette large gamme d’outils est à notre connaissance unique dans le capital-investissement français.

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